Québec, mercredi 19 février 2014. Dans un rapport rendu public ce matin, la commission du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le projet Mine Arnaud conclut de façon historique que le projet est «inacceptable» à cause des trop grands risques qu’il pose sur l’environnement et la sécurité des populations. La commission du BAPE remet également en question la viabilité économique du projet dans un contexte de chute du prix du phosphate et d’un «engorgement» de l’offre mondiale à moyen et long terme. La coalition Québec meilleure mine est très satisfaite des conclusions du BAPE, qui recommande au gouvernement du Québec de ne pas autoriser le projet tel que proposé.
Conclusion historique
« C’est une conclusion historique qui confirme les nombreuses craintes que nous avions exprimées et qu’ont exprimé les citoyens et les organismes de Sept-Îles au cours des dernières années. C’est seulement la 2ème fois en près de 30 ans d’existence que le BAPE recommande de rejeter un projet minier à cause des trop grands risques qu’il pose pour l’environnement et la sécurité. C’est donc un constat très sérieux et très sévère que porte le BAPE sur le projet Mine Arnaud. Le BAPE recommande également que certains règlements du Québec soient modifiés afin d’assurer une meilleure protection de l’environnement et des populations à l’avenir » affirme Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition.
Risques de contamination des eaux souterraines et de la Baie-de-Sept-Îles
Le BAPE conclut que 2000 à 4000 tonnes de contaminants seraient déversés dans la Baie-de-Sept-Îles (fleuve) durant la vie de la mine, même en respectant les normes actuelles. Le BAPE conclut également que Mine Arnaud n’a pas suffisamment documenté les impacts sur les eaux souterraines, qui risquent de subir des contaminations à court et long terme provenant des millions de tonnes de résidus miniers laissés derrière. Les risques de glissements de terrain à de nombreux endroits et les risques de tassement des sols sous la route 138 et les résidences n’ont pas été suffisamment documentés non plus.
Santé, bruit et qualité de l’air
Malgré l’étude toxicologique menée par Mine Arnaud, le BAPE conclut qu’il n’existe aucun seuil en dessous duquel il n’y a pas d’effets sur la santé liés aux poussières fines et que le manganèse dépasserait les critères actuels, même en stoppant le transport de la roche à certains moments. Le BAPE craint également que Mine Arnaud produise plus de 75 000 tonnes par jour, ce qui augmenterait les impacts liés au bruit et aux poussières pour la santé.
Pas d’acceptabilité sociale, environnementale et économique
La coalition Québec meilleure mine conclut qu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale, environnementale et économique du projet. « Avec le contexte défavorable du marché du phosphate, l’opposition de près de la moitié de la population de Sept-Îles et maintenant le BAPE qui juge le projet inacceptable, nous ne voyons pas comment Investissement Québec ou le gouvernement du Québec pourraient justifier d’aller de l’avant avec ce projet » de conclure Ugo Lapointe. La coalition réagira plus en détails aux conclusions du BAPE dans les prochains jours.
Le projet en bref
Mine Arnaud souhaitait exploiter la plus grande mine à ciel ouvert jamais exploitée en milieu habité au Québec, avec une fosse à ciel ouvert de 3,7km de longueur, 800m de largeur et 250m de profondeur (dont 150m sous le niveau de la mer). Les installations minières auraient été situées à 500 mètres des plus proches résidences, à 500 mètres de la Baie-de-Sept-Îles (eaux du fleuve) et à 7km du centre-ville de Sept-Îles. Le projet aurait généré près de 500 millions de tonnes de résidus miniers et de stériles, affectant l’équivalant de 5000 terrains de football, rejetant plus de 30 000 tonnes de poussières dans l’air, ainsi que de 20 à 30 millions de litres d’eau contaminée dans les eaux chaque jour.
Le projet aurait nécessité la construction d’un immense parc à résidus miniers et d’un immense réservoir d’eau de polissage (250 millions de litres, avec une capacité totale de 1,8 milliards de litres), le tout situé en hauteur (50 à 150 mètres ) par rapport aux zones habitées, la Baie-de-Sept-Îles et les infrastructures publiques (dont la route régionale 138). Le projet aurait généré quelque 300 emplois directs pendant 28 ans.
La dernière étude de viabilité économique (2013) concluait à une très faible rentabilité selon un prix de vente de 207,50 $/t, alors que les prix mondiaux se situent actuellement à 100-120$/t. Rappelons qu’un sondage Léger de septembre 2013 confirme que près de la moitié de la population s’oppose au projet Mine Arnaud et que 69% se dit inquiète des impacts pour l’environnement.
La coalition avait justement recommandé à la commission du BAPE de rejeter le projet à cause des trop grands risques qu’il pose sur les plans social, environnemental et économique, notamment : les risques financiers élevés du projet; les risques de contamination des eaux souterraines, du Lac des rapides (source d’eau potable), et de la Baie-de-Sept-Îles (fleuve); les risques d’affaissement des sols et de glissements de terrain à proximité des secteurs habités, incluant la route 138, le seul accès routier à la ville; les risques globaux pour la santé (poussières, bruit, dynamitages, perte qualité de vie, etc.); les risques d’agrandissement du projet sans aucune nouvelle évaluation des impacts.
Pour information : Ugo Lapointe, coalition Québec meilleure mine, (514) 708-0134