Roxanne Léouzon, Le Devoir
Photo: COPH Photo de déboisements et d’infrastructures retenant des eaux contaminées sur le site de la minière NMG-Pallinghurst
Des citoyens résidant à proximité du projet Nouveau Monde Graphite, dans Lanaudière, s’inquiètent pour leur environnement immédiat. Devant ce qu’ils considèrent comme étant un manque de transparence de la part de l’entreprise et du gouvernement, ils ont entrepris eux-mêmes d’effectuer des tests sur plusieurs cours d’eau des environs.
« Plusieurs résidents ont constaté des couleurs bizarres dans les cours d’eau », a indiqué Daniel Tokatéloff, de l’Association pour la protection du lac Taureau, en entrevue avec Le Devoir jeudi.
Ce regroupement de citoyens, tout comme la Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie, s’inquiète notamment de la quantité de rejets acides et de résidus miniers qui pourraient émaner du projet de mine de graphite, un minerai essentiel à la fabrication de batteries pour véhicules électriques. La mine exploite déjà des installations de démonstration et a lancé les travaux préparatoires de la phase commerciale du projet.
Le feu vert du gouvernement du Québec pour commencer les opérations d’extraction et de traitement du minerai, en janvier 2021, obtenu après un processus au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, vient avec certaines conditions. L’entreprise doit notamment remettre des rapports techniques détaillés au ministère de l’Environnement en lien avec sa gestion de l’eau.
Ces documents de suivi environnemental ne sont toutefois pas rendus publics en ce moment, ce que déplorent les opposants au projet. C’est dans ce contexte qu’ils ont décidé de prendre les choses en main et d’effectuer une douzaine d’échantillons dans des cours d’eau environnants. Ils ont confié le travail à la Société pour vaincre la pollution, dirigée par l'ancien chef adjoint du Parti vert du Canada, Daniel Green, qui devra évaluer s’il y a présence de contaminants en quantités nuisibles à l’environnement et à la santé. Les résultats devraient être communiqués dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois.
Parallèlement à cela, ces regroupements citoyens, soutenus par les organismes MiningWatch Canada, la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine ! et Eau Secours, demandent au ministère et à la minière de rendre publiques les données de suivi environnemental.
« On demande aussi une plus grande vigilance de l’État, que des inspecteurs en environnement fassent de la supervision sur les sites miniers, a ajouté le coresponsable du programme national de MiningWatch Canada Rodrigue Turgeon. On ne veut plus que ce soit seulement à l’industrie de s’autoréguler, de le divulguer lorsqu’elle contamine l’eau. »
Pour sa part, la vice-présidente aux communications de Nouveau Monde Graphite, Julie Paquet, assure que « tous les résultats à l’effluent final, où les rejets sont retournés à l’environnement, rencontraient les standards de qualité » en 2020 et 2021. Elle s’est par ailleurs dite ouverte à ce que l’entreprise rende publics les rapports techniques. Finalement, elle a invité les citoyens qui seraient témoins de phénomènes préoccupants dans les cours d’eau à le signaler à la compagnie ou au ministère de l’Environnement.
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