(Montréal, Québec) Une coalition d’organismes locaux et nationaux se dit insatisfaite des récentes déclarations et de l’inaction du Premier ministre François Legault pour stopper le boom de claims miniers dans le sud du Québec. Ils réagissent à l’affirmation de M. Legault selon laquelle il n’y aurait « pas de mines sans acceptabilité sociale ». 

« M. Legault doit comprendre qu’il n’y a aucune acceptabilité sociale face à l’ajout de nouveaux claims miniers sur nos territoires », insiste M. David Pharand, Maire de Duhamel.

M. Louis St-Hilaire du Regroupement pour la protection des lacs de la Petite Nation abonde dans le même sens : « Ici, dans la MRC de Papineau, des dizaines de municipalités ont affiché leur incompatibilité avec l'activité minière et l'ensemble de la population est mobilisée dans le même sens, incluant le milieu des affaires. Pourtant, les foreuses continuent de tourner et les claims miniers de s'étendre partout. Que faudra-t-il pour que M. Legault nous entende et agisse ? »

Le préfet de la MRC Papineau, M. Benoît Lauzon, appelle au moratoire : « Afin de favoriser l'harmonisation des usages du territoire et un développement intelligent adapté à notre réalité, la MRC Papineau a adopté un mémoire le 17 août dernier réitérant ses demandes auprès du gouvernement du Québec concernant les « territoires incompatibles avec l'activité minière », notamment en relation avec le développement touristique, forestier et agricole. Parmi ses demandes, la MRC demande un moratoire sur l'attribution de nouveaux claims miniers. Cette demande est primordiale pour les 25 municipalités du territoire. »

À partir des données du ministère des Ressources naturelles, les organismes ont récemment publié une carte démontrant un boom de claims miniers variant de 49,1% à 408% depuis 18 mois dans les régions des Laurentides, Lanaudière, l’Outaouais et la Mauricie. Mme Alice de Swarte de la Société pour la nature et les parcs (SNAP-Qc) se désole que des centaines de claims miniers soient déjà collés sur des parcs d’envergure (Mont Tremblant, Lac Taureau), alors que d’autres sont directement à l’intérieur de lacs, de parcs régionaux et de réserves fauniques comme ceux de Papineau-Labelle, La Vérendrye et le Réservoir-Kiamika. « D’un point de vue de protection des milieux naturels et des activités de plein air, ce sont des usages du territoire complètement incompatibles ».

M. Ugo Lapointe de la coalition Québec meilleure mine rappelle que les claims ont plus que doublé dans le sud du Québec depuis janvier 2021, passant de quelque 6 700 à plus de 15 000 titres miniers en août 2022, et ce, sans aucune consultation des populations locales. « La présence des claims miniers sur le territoire pendant plusieurs années (parfois plus de 10-15 ans) empêche la planification de l’aménagement et du développement du territoire. Une fois octroyés, ajoute-t-il, les claims miniers ont des droits acquis et il devient impossible avec les règles actuelles de les inclure dans les territoires incompatibles avec l’activité minière. De là l’urgence d’un moratoire. »

Rappelons qu’un récent sondage Léger souligne que près de 4 personnes sur 5 (78%) se disent favorables « d’exiger le consentement des populations locales (p.ex.: municipalités, Nations autochtones) avant d’autoriser toute activité minière sur leur territoire ». Une proportion semblable (75%) demande « d’interdire tout projet minier dans des zones touristiques ou de villégiature », et la quasi-totalité (89%) des répondants souhaitent « interdire le rejet de déchets miniers dans tout lac, rivière ou milieu écologique sensible ».

Pour information :

• David Pharand, Maire de Duhamel : 819-981-0308
• Benoit Lauzon, Préfet de la MRC de Papineau : 819-209-3937
• Louis St-Hilaire, Regroupement pour la protection des lacs de la Petite-Nation : 514-591-9167
• Alice de Swarte, Société pour la nature et les parcs - SNAP Québec : 514-575-4941
• Ugo Lapointe, Coalition Québec meilleure mine : 514-708-0134