Le reportage Grand Format de Giv Anquetil au nord-ouest du Québec où, derrière la carte postale, c’est la course aux ressources pour la transition énergétique. Une nouvelle ruée vers l’or blanc qu’est le lithium, ou comment continuer à détruire l’environnement au nom de sa préservation.

Giv Anquetil, Radio France

“C’est le plus beau moment dans une mine. Les gens sont fébriles, les gens sont heureux. Tu ne vis pas ça tous les jours. Les démarrages de mine, ça devient comme addictif tellement c’est excitant !” Sylvain Collard, chef des opérations de la mine Sayona, ne cache pas son enthousiasme débordant : il vient de produire ce mois-ci ses 70 premières tonnes de concentré de lithium, à La Corne en Abitibi.

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“L’image des grands espaces préservés québécois, c’est un mythe” explique Rodrigue Turgeon, avocat et coordinateur pour MiningWatch. “Au Québec il y a 26 mines en activité, et près de la moitié se trouvent dans la région : c’est un paradis extractiviste. L’Abitibi-Témiscamingue a été depuis 150 ans la proie des compagnies minières et forestières. C'est pour ça qu’aujourd’hui des gens se mobilisent pour essayer de sauver les derniers espaces intacts”.

Comme Marie-Hélène Massy-Emond (artiste sonore) qui avec le collectif des Pas du lieu, organise des marches citoyennes sur un second site riche en lithium convoité par la compagnie Sayona, à La Motte (à 60 km de sa première mine). Sauf que ce site se trouve au bord un esker : des sédiments laissés là par les glaciers qui produisent un formidable filtre pour les eaux sous-terraines, que boivent les riverains. Et d’ailleurs le ministre québécois de l’environnement a finalement entendu les nombreux pétitionnaires, en annonçant le mois dernier que ce projet de fosse serait finalement soumis à une évaluation par le Bureau des audiences publiques environnementales, avec des études d’impact plus en profondeur et surtout sur les ressources en eau de l’esker Saint-Mathieu-Berry.

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