Québec, 20 novembre 2018. Alors que s’ouvre aujourd’hui à Québec le premier congrès Québec Mines + Énergie organisé par le Ministère des Ressources naturelles et de l’Énergie, une large coalition regroupée sous la bannière de Pour que le Québec ait meilleure mine! appelle le nouveau gouvernement Legault à faire preuve de vision et à mettre en œuvre une série de mesures qui contribueraient à réduire à la fois l’empreinte énergétique et l’empreinte minérale du Québec.
La coalition publie aujourd’hui une nouvelle analyse qui démontre que la quantité de déchets miniers produits par l’industrie a plus que quadruplé en 10 ans et représente de loin la principale source de déchets solides au Québec—soit plus de 20 fois la quantité des déchets domestiques destinés à l’enfouissement.
Un récent rapport de l’OCDE prévoit que l’exploitation mondiale en métaux augmentera de 2.5 fois d’ici l’horizon 2060, représentant un défi environnemental majeur. Au Québec, les productions du fer et de l’or représentent, à elles seules, plus de 85% des déchets miniers générés. Le fer est principalement utilisé pour les infrastructures urbaines et le transport, l’or pour la joaillerie et comme produit financier. On prévoit également d’ici 2020 une augmentation des déchets miniers associés à l’exploitation du lithium destiné à l’électrification des transports.
« La transition énergétique et la réduction de notre empreinte écologique peut et doit aussi passer par la réduction de notre empreinte minérale. Nous manifestons aujourd’hui notre volonté de déployer tous les efforts individuels et collectifs nécessaires pour réduire à la fois notre empreinte énergétique et minérale—les deux étant intimement liées », affirme Ugo Lapointe, cofondateur de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine!
La coalition s’inscrit dans l’élan environnemental lancé le 7 novembre dernier avec le Pacte pour la transition, lequel est aujourd’hui signé par plus de 180 000 personnes et qui appelle l’ensemble de la société québécoise à se mobiliser pour accélérer la transition écologique. Dominic Champagne, auteur et animateur de la campagne du Pacte pour la transition : « J’invite l’industrie minière à faire tout ce qui est nécessaire pour réduire notre empreinte écologique ».
La coalition annonce également qu’elle lancera prochainement le tout premier « Guide pour réduire l’empreinte minérale du Québec ». Le guide identifiera une douzaine de pistes d’actions individuelles et collectives pour réduire l’empreinte minérale du Québec.
Stratégie québécoise pour la réduction de l’empreinte minérale
La coalition appelle notamment le gouvernement Legault à développer la toute première Stratégie québécoise pour la réduction de l’empreinte minérale, notamment par l’entremise de politiques et de programmes efficaces en matière de recyclage et d’économie circulaire. Christian Simard de Nature Québec : « Cette stratégie devrait s’arrimer avec chacune des lois et des politiques qui visent également à réduire l’empreinte énergétique du Québec ». La coalition demande également à ce que tout nouveau projet d’exploitation minérale soit assujettie à une évaluation environnementale et à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Principe pollueur-payeur et contrôle environnemental
Christian Daigle, président du Syndicat de la Fonction publique et parapublique du Québec: « Nous invitons la CAQ à envoyer un signal positif pour l’environnement et à renforcer la capacité des ministères à surveiller les impacts des projets miniers. La facture globale des sites miniers contaminés, qu’ils soient actifs ou abandonnés, s’élève déjà à plus de 2 milliards, alors que Québec ne détient actuellement que 0.8 milliard en garanties financières pour assurer leur nettoyage ». La coalition rappelle que l’industrie minière au Québec bénéficie déjà de nombreux et très généreux programmes fiscaux.
Premier test environnemental pour le gouvernement Legault
À court terme, la coalition appelle le gouvernement Legault à utiliser les pouvoirs dont il dispose pour assujettir l’actuel projet de la minière australienne Sayona Mining à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Ce projet produirait quelque 70 millions de tonnes de déchets miniers à proximité de nombreux lacs, rivières et cours d’eau, dont l’esker Saint-Mathieu-Berry — le même qui alimente l’usine d’eau Eska.
Marc Nantel du Regroupement Vigilance Mines de l’Abitibi-Témiscamingue : « Il y a un fort consensus régional et national sur cet enjeu. La vaste majorité des élus et des organismes de la région de l’Abitibi-Témiscamingue demandent un examen de ce projet par le BAPE. De plus, l’ancienne ministre de l’Environnement, Mme Melançon, était d’accord et s’était aussi engagée à assujettir le projet à un examen du BAPE ».
Rodrigue Turgeon, du Comité citoyen de protection de l’esker : « C’est une belle occasion pour le gouvernement de démontrer qu’il ne compte pas bulldozer l’environnement pour satisfaire l’intérêt de l’industrie ou d’une seule compagnie pressée d’obtenir son permis ».
« L’acceptabilité sociale » forcée à coup de millions
Les organismes s’inquiètent également du précédent que pourrait établir un litige qui oppose actuellement la petite municipalité de Grenville-sur-la-Rouge à la minière de Vancouver Canada Carbon, qui poursuit cette dernière pour une somme de 96 millions—16 fois son budget annuel.
La Cour supérieure a récemment déterminé que les lois actuelles ne lui permettent pas de déclarer cette poursuite comme abusive puisqu’elle vise une municipalité et non des individus, et puisque l’entreprise a suspendu sa poursuite en dommage à la dernière minute. L’entreprise s’est toutefois gardé le droit de « réactiver » sa poursuite dans le futur—une épée de Damoclès.
Norman Éthier, du groupe citoyen SOS-Grenville-sur-la-Rouge : « Nous sommes très préoccupés par le précédent que pourrait établir cette poursuite pour l’ensemble des municipalités du Québec si le gouvernement n’intervient pas »
Martine Chatelain, d’Eau Secours : « Ce cas illustre que toutes les municipalités du Québec s’exposent à de coûteuses poursuites chaque fois qu’elles s’opposeront à un projet minier ou qu’elles tenteront de protéger l'eau et les milieux fragiles de leur territoire, pourtant essentiels à leur essor social, environnemental et économique ».
« Il y a clairement lieu de revoir les lois du Québec qui, de toute évidence, semblent protèger encore aujourd’hui davantage les investisseurs miniers que l’environnement, les citoyens et les collectivités qui occupent et vivent sur le territoire », Marie-Ève Maillé, personne-ressource pour la municipalité et co-auteure du livre "Acceptabilité sociale: sans oui, c'est non".
Pour information :
- Ugo Lapointe de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine!, 514-708-0134
- Rosemonde Gingras Communications pour Dominic Champagne du Pacte pour la transition, 514-458-8355
- Éric Lévesque, relations médias, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), 418-564-4150
- Marc Nantel du Regroupement Vigilance Mines en Abitibi-Témiscamingue (REVIMAT), 819-737-8620
- Rodrigue Turgeon du Comité citoyen de protection de l’esker, 819-444-9226
- Norman Éthier, SOS-Grenville-sur-la-Rouge, 438-521-8351
- Marie-Ève Maillé, personne-ressource pour la municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, 514-519-5494
- Christian Simard de Nature Québec, 418-928-1150
- Henri Jacob de l’Action boréale, 819-738-5261
- Martine Chatelaine d’Eau Secours, 514-771-5529
- Paul Ménard de l’Association pour la protection du Lac Taureau, (514) 926-4903
- Marie-Soleil Leclerc du Regroupement québécois des groupes écologistes (514) 587-8194
- Marc Fafard de Sept-Îles Sans Uranium et membre de l’Organisme de bassin versant de Duplessis, 418-961-3517
La coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! a vu le jour au printemps 2008 et est aujourd’hui constituée d’une trentaine d’organismes membres représentant collectivement plus de 250 000 individus, partout au Québec. La coalition s’est donnée pour mission de revoir la façon dont on encadre et développe le secteur minier au Québec, dans le but de promouvoir de meilleures pratiques aux plans social, environnemental et économique. Site www.quebecmeilleuremine.org . Les membres actuels de la coalition : Action boréale Abitibi-Témiscamingue (ABAT) ▪ Alternatives ▪ Artistes pour la Paix ▪ Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) ▪ Association de protection de l’environnement des Hautes-Laurentides (APEHL) ▪ Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) ▪ Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ▪ Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté ▪ Coalition de l’ouest du Québec contre l’exploitation de l’uranium (COQEU) ▪ Coalition Stop Uranium de Baie-des-Chaleurs ▪ Comité de vigilance de Malartic ▪ Conseil centrale CSN de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec ▪ Écojustice ▪ Eco-vigilance Baie-des-Chaleurs ▪ Environnement Vert Plus Baie-des-Chaleurs ▪ Fondation Rivières ▪ Forum de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM ▪ Groupe solidarité justice ▪ Les AmiEs de la Terre du Québec ▪ Justice transnationale extractive (JUSTE) ▪ MiningWatch Canada ▪ Minganie sans uranium ▪ Mouvement Vert Mauricie ▪ Nature Québec ▪ Professionnels de la santé pour la survie mondiale ▪ Regroupement citoyen pour la sauvegarde de la grande baie de Sept-Îles ▪ Regroupement pour la surveillance du nucléaire ▪ Réseau œcuménique justice et paix (ROJeP) ▪ Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) ▪ Regroupement Vigilance Mines de l’Abitibi-Témiscamingue ▪ Sept-Îles sans uranium ▪ Société pour la nature et les parcs (SNAP-Québec) ▪ Société pour vaincre la pollution (SVP) ▪ Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ). Tous nouveaux membres bienvenus. www.quebecmeilleuremine.org