(Montréal) Alors que la minière Lomiko complète une campagne de 120 trous de forage en plein coeur d’une zone récréotouristique, les municipalités voisines de Lac-des-Plages et Duhamel joignent leurs voix à celles de dizaines d’autres municipalités qui interpellent actuellement le gouvernement pour décréter un moratoire sur l’attribution de nouveaux claims miniers dans le sud du Québec. Elles demandent de réviser les orientations gouvernementales régissant les « territoires incompatibles avec l’activité minière » au Québec.
« Nous ne sommes pas satisfaits des récentes déclarations du Premier ministre François Legault selon lesquelles « il n’y aura pas de mines sans acceptabilité sociale », affirme M. Gilles Charest, conseiller municipal et porte-parole du dossier pour la municipalité Lac-des-Plages. Ces déclarations ne règlent en rien le problème des claims et des forages miniers qui continuent de se multiplier sur nos territoires sans aucune évaluation environnementale, ni consultation publique ».
« Nous interpellons M. François Legault et tous les partis politiques afin qu’ils se prononcent sur la nécessité d’un moratoire pour ne pas aggraver la situation, insiste M. David Pharand, maire de Duhamel. Nous leur demandons de s’engager à revoir les règles actuelles afin de protéger nos zones touristiques, les lacs et nos milieux naturels hautement valorisés».
Dans une nouvelle vidéo rendue publique aujourd’hui, de nombreux citoyens et élus des municipalités voisines de Lac-des-plages, Duhamel et Saint-Émile-de-Suffolk témoignent des impacts déjà subis par les claims et les forages, alors que l’exploitation minière n’a pas encore débuté. Tous demandent un moratoire sur l’ajout de nouveaux claims (voir toutes les vidéos témoignages ici).
Faits saillants :
- Zone touristique et de villégiature : La compagnie vancouveroise Lomiko Metals propose une mine à ciel ouvert de graphite en plein cœur d’une zone récréotouristique à la frontière des Laurentides, sur le territoire de la municipalité Lac-des-Plages et dans le bassin versant du Lac Simon et de la rivière Petite-Nation, à environ 35 km au sud-ouest du Mont Tremblant (voir cartes ci-dessous).
- Augmentation de 58,3% des claims miniers couvrant plus de 30 lacs et cours d’eau : Depuis 6 mois, la minière a fait l’acquisition de 28 nouveaux claims, portant son total à 76 claims couvrant plus de 30 lacs et cours d’eau sur 4 541 hectares (soit l’équivalent de 9 460 terrains de football). Rien dans les règles actuelles n’oblige les minières à informer ou à consulter les communautés avant d’acquérir de nouveaux claims. Une fois attribués, les claims constituent des droits acquis qui nuisent à l’aménagement planifié du territoire.
- Premières plaintes auprès du ministère de l’Environnement : La compagnie complète actuellement 120 trous de forage (18 000 mètres) à quelques centaines de mètres du Lac Doré, lequel est fréquenté par des centaines de villégiateurs. Aucune étude environnementale n’a été complétée ou exigée avant la réalisation des forages. Bien que le projet ne soit pas encore en exploitation, il occasionne déjà des nuisances reliées au bruit des forages, surtout la nuit. Des citoyens ont déposé plusieurs plaintes en vain auprès de la compagnie au cours de l’été. Exaspérés, ils ont déposé les 2 et 7 septembre derniers leurs premières plaintes au ministère de l’Environnement.
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Projet à forts impacts : Selon l’étude économique préliminaire rendue publique le 27 juillet dernier, la minière vise à produire 1,5 million de tonnes de graphite pendant 15 ans. Le projet occasionnerait des risques et des impacts importants sur le territoire, notamment:
- 4 fosses à ciel ouvert excavées jusqu’à 130m de profondeur (hauteur de la tour Desjardins à Montréal);
- 108,8 millions de tonnes de déchets miniers générés, soit 17,5 fois la quantité de déchets éliminés dans les sites d’enfouissement au Québec chaque année;
- Empreinte directe des infrastructures minières dépassant 600 ha (l’équivalent de 1 250 terrains de football);
- 22 espèces animales et 15 espèces végétales sensibles, menacées ou vulnérables.
- Une dizaine de nouveaux organismes appuient la demande de moratoire : Au cours des derniers jours, une dizaine de nouveaux organismes ont joint leur voix à la demande de moratoire, dont le Conseil régional de l'environnement des Laurentides, le Conseil régional de l’environnement et de développement durable de l’Outaouais (CREDDO), le Conseil central des travailleurs CSN-Laurentides, ainsi que six associations de lacs des Laurentides (Lac Tremblant, Lac Cameron, Lac Lagrange, Lac St-Émile, Lac Manitou, Lac Hacquart). Ces organismes s’ajoutent aux quelque 20 organismes et 25 municipalités qui appuient déjà la demande de moratoire.
- Sondage Léger sur les mines : Il y a un consensus pour développer de façon responsable les ressources minérales, mais pas au détriment des milieux naturels valorisés. Un récent sondage Léger souligne qu’une forte proportion des Québécois-e-s demande « d’interdire tout projet minier dans des zones touristiques ou de villégiature » (75%), « d’exiger le consentement des populations locales (municipalités, Nations autochtones) avant d’autoriser toute activité minière sur leur territoire » (78%), et « d’interdire le rejet de déchets miniers dans tout lac, rivière ou milieu écologique sensible » (89%).
Pour information :
- David Pharand, Maire de la municipalité de Duhamel : (819) 981-0308
- Gilles Charest, conseiller municipal et porte-parole du dossier pour la municipalité Lac-des-Plages: 514-953-9909
- Louis St-Hilaire, Regroupement pour la protection des lacs de la Petite-Nation, représentant 10 associations de lacs et des milliers de villégiateurs : +1 (514) 591-9167