(Québec) Alors que débutent cette semaine les audiences du procès de la minière Strateco contre le gouvernement du Québec, une large coalition qui regroupe médecins, citoyens, organismes environnementaux et syndicats appelle Québec à mettre fin à l’incertitude et à suivre l’exemple d’autres États dans le monde en interdisant l’exploitation de l’uranium sur son territoire.
« Plus d’un an après le dépôt du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), lequel recommandait de ne pas aller de l’avant avec les mines d’uranium au Québec à cause des risques à la santé et à la gestion des déchets radioactifs, nous appelons aujourd’hui au gouvernement à poser un geste clair et responsable en interdisant l’exploitation du minerai radioactif partout sur le territoire du Québec » affirme Ugo Lapointe, coporte-parole de la Coalition Québec meilleure mine.
Christian Simard de Nature Québec : « Bien que Québec soit, à notre avis, tout-à-fait dans ses droits de refuser d’octroyer un permis à la minière Strateco et de maintenir le moratoire administratif actuel, nous sommes également d’avis que d’interdire formellement ce type de mines, à l’aide d’une loi claire, aurait l’avantage de mettre fin à toute ambiguïté, et ainsi mieux protéger le public et les contribuables face à d’autres compagnies uranifères qui pourraient être tentées d’intenter des poursuites semblables contre Québec ».
Dr. Gordon Edwards du Regroupement pour la surveillance du nucléaire : « Québec a déjà fait le choix en 2012 d’être un leader en étant le premier État en Amérique du Nord à sortir de la production d’énergie nucléaire à cause des risques environnementaux et des coûts énormes de cette énergie. Nous demandons aujourd’hui que Québec fasse un pas de plus en suivant l’exemple d’autres États dans le monde qui ont tourné le dos à l’exploitation de l’uranium, dont la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, la région du Grand Canyon et l’État de Virginie aux États-Unis. »
« Le BAPE sur l’uranium a conclu en 2015 qu’il n’y avait pas « d’acceptabilité sociale » sur cette filière au Québec, notamment à cause des nombreuses incertitudes scientifiques qui persistent quant aux risques à la santé et à la gestion des déchets radioactifs sur des milliers d’années », explique Dr. Éric Notebaert de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.
Marc Fafard de l’organisme Sept-Îles Sans Uranium : « Des centaines d’organismes se sont prononcé contre cette industrie au Québec, dont plus de 300 municipalités ainsi que l’ensemble des Premières Nations du Québec ».
Le BAPE constate que, malgré les discours de l’industrie et de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), les mines d’uranium laissent derrière des milliers de tonnes de déchets miniers radioactifs dont les technologies actuelles ne permettent pas d’éliminer les risques à long terme. C’est aussi la conclusion à laquelle en était arriver un comité de l’Académie des Sciences des États-Unis dans un rapport remis au gouvernement de la Virginie en 2012. La Saskatchewan est le seul endroit où l’on exploite des mines d’uranium au Canada et est souvent cité en exemple par l’industrie. Le BAPE et l’Académie des sciences des États-Unis y ont pourtant constaté de nombreux ratés et un manque de moyens pour la gestion à long terme du passif radioactif.
Pour information :
- Ugo Lapointe, MiningWatch Canada, 514-708-0134
- Christian Simard, Nature Québec, 418-928-1150
- Dr. Éric Notebaert, Association Canadienne des médecins pour l’environnement, 514-978-6262
- Dr. Gordon Edwards, Regroupement pour la surveillance du nucléaire, 514-839-7214, 489-5118
- Marc Fafard, Sept-Îles Sans Uranium, 418-961-3517