La Coalition Québec meilleure mine et MiningWatch Canada ont soumis leurs commentaires conjoints concernant la description initiale du projet minier aurifère Novador de Probe Gold Inc. à Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue, sur le Nitakinan. Dans sa forme actuelle, et bien que plusieurs éléments restent à clarifier à travers le processus d’évaluation des impacts, nous ne supportons pas le projet minier à l’étude en raison de l’absence de justification à la raison d’être du projet, des failles concernant l’évaluation des impacts cumulatifs, des impacts sur l’eau ainsi que sur les milieux naturels et impacts sur les espèces menacées, vulnérables et en péril, du manque de précisions concernant l’encadrement du recours potentiel à des fosses à ciel ouvert, à l’augmentation de la demande énergétique que pose le projet et aux conflits d’usage du territoire provoqués par le projet.
Pour chacun de ces enjeux, nous avons soulevé que des renseignements et des études complémentaires sont nécessaires et devraient être exigés au promoteur afin d’informer le public adéquatement des impacts du projet minier à l’étude. Nous adressons 22 demandes à l’Agence d’évaluation fédérale :
Absence de justification à la raison d’être du projet
1. Que l’AEIC exige du promoteur Probe Metals Inc. qu’il produise une étude d’opportunité environnementale préalable ou intégrée à l’Étude d’impact du projet Novador
2. Que la section des lignes directrices de l’Étude d’impact du projet à l’étude portant sur la justification du projet soit revue afin que le promoteur réponde de la justification de son projet sur la base de considérations autres qu’uniquement financières et macroéconomiques, et particulièrement sur les plans environnementaux et sociaux
3. Resserrer les lignes directrices de l’Étude d’impact du projet à l’étude sur la justification du projet concernant les arguments de nature économique du projet, notamment en imposant au promoteur de produire une étude économique indiquant quel effet aurait sur l’économie locale la non réalisation de son projet et comment, si le projet se réalisait, l’économie locale serait limitée dans sa capacité à opérer une transition vers une économie plus durable – plus sobre en consommation d’énergie et en génération de déchets
Évaluation des impacts cumulatifs
4. Que l’analyse du projet à l’étude se penche non seulement sur les impacts des opérations sur le site minier, mais également sur ceux liés au transport, au traitement, à l’entreposage et à l’exportation du minerai et des intrants, des produits et des déchets miniers et surtout, sur l’ensemble des opérations industrielles dans la région au sein de laquelle s’insère le projet
5. Que le bruit de fond utilisé pour comparer les impacts du projet sur la zone à l’étude soit une valeur de référence préindustrielle et non pas au moment de la caractérisation environnementale à venir du projet puisque après le début des travaux miniers sur le site minier
6. Que l’évaluation des impacts du projet à l’étude tienne compte des impacts historiques et actuels engendrés par l’industrie aurifère dans la région des alentours de Val-d’Or
7. Que l’évaluation des impacts cumulatifs dans la région visée par le projet à l’étude soit intégrée dans les lignes directrices de l’Étude d’impact comme une grille d’analyse s’appliquant à l’ensemble des composantes environnementales comme la qualité de l’eau, la qualité de l’air, la biodiversité, la restauration du site, etc.
8. Que l’Agence d’évaluation d’impact du Canada élargisse davantage la liste des activités passées, présentes et futures susceptibles d’affecter l’environnement dans la région à l’étude
Impacts sur l’eau
9. Que les lignes directrices de l’Étude d’impact exigent la réalisation d’une analyse des impacts anthropiques cumulatifs subis par les deux bassins versants visés par le projet à l’étude : le bassin versant du fleuve Harricana et le bassin versant de la rivière Bell
10. Exiger que le promoteur réalise une importante caractérisation des eskers et des études hydrogéologiques rigoureuses concernant les risques que pose le projet à l’étude sur les eskers présents sur le site
11. Exiger au promoteur de présenter un plan d’intervention d’urgence pour sauvegarder l’intégrité des eskers ou limiter les dégâts en cas de contamination avérée ou potentielle, que l’incident soit accidentel ou non
Milieux naturels et impacts sur les espèces menacées, vulnérables et en péril
12. Exiger du promoteur qu’il produise des scénarios d’évitement, de réduction et de compensation pour chacun de ces milieux naturels menacés
13. Que des études d’impacts spécifiques soient réalisées pour l’ensemble des espèces à statut de conservation qui seront découvertes sur le site minier ainsi que pour celles qui seraient susceptibles d’y être en prenant une valeur de référence pré-industrielle
14. Que l’évaluation des impacts du projet inclut une section portant sur les projections en matière de sauvegarde et de rétablissement des espèces ayant un statut de conservation suivant l’éventualité où le projet serait évité
Fosses à ciel ouvert
15. Que les projets de fosses à ciel ouvert soient le plus possible évités et qu’ils ne soient pas priorisés
16. Que l’extraction souterraine uniquement soit le scénario le plus étudié au niveau de sa faisabilité
17. Empêcher la présentation d’un projet minier incluant une ou des fosses à ciel ouvert qui exclurait de remblayer les fosses pour des motifs économiques
Augmentation de la demande énergétique
18. Exiger que le promoteur présente des données détaillées concernant la proportion des énergies fossiles utilisées comparativement à l’hydroélectricité, pour chaque phase du projet et présentées annuellement suivant le plan minier du projet
19. Concernant la partie du projet alimentée par l’hydroélectricité, que le promoteur détaille à quoi servira l’hydroélectricité et quels seront ses besoins en apport énergétique en kW/h, par année et pour chaque utilité projetée
20. Exiger que le promoteur détaille ses prévisions en matière d’émission de gaz à effet de serre, en indiquant la part de GES causés par sa demande en apport d’hydroélectricité et d’énergies fossiles
21. Que le promoteur détaille la composition des énergies fossiles qui seront utilisées sur le site et leur provenance, tant en termes de moyens de transport pour alimenter le site que de sources d’approvisionnement - ou d’extraction - ultime
Conflits d’usage du territoire
22. Que l’AEIC se déplace sur le terrain pour aller à la rencontre des membres de la Nation Anishnabe et de la population de Val-d’Or et des environs pour prendre directement le pouls de la volonté de la population à l’égard du territoire et s’assurer que leurs positions sont considérées à leur juste valeur face aux ambitions de la minière qui risquent d’anéantir à jamais une importante partie du territoire