Une nouveau rapport cartographie les impacts miniers de la transition énergétique

Source:
Atlas de la justice environnementale – MiningWatch Canada

(Ottawa/Barcelone) Dans la foulée de la COP-26 sur le climat, où plusieurs pays se sont engagés à des investissements sans précédent pour la transition énergétique, des collectivités déjà dans le collimateur de l'extraction des minéraux dits « critiques et stratégiques » mettent en garde contre les dangers posés par le boom minier associé aux « technologies vertes ».

Alors que le gouvernement canadien devrait confirmer aujourd’hui, dans le discours du Trône, des politiques visant à favoriser la transition énergétique, un nouveau rapport et une nouvelle carte interactive documentent les impacts sociaux et environnementaux de l’exploitation du lithium, du cuivre, du nickel et du graphite.

Le rapport, publié par MiningWatch Canada et l'Environmental Justice Atlas, met en lumière les réalités des communautés touchées par l'exploitation minière de neuf pays des Amériques : Argentine, Chili, Bolivie, Pérou, Équateur, Panama, Mexique, États-Unis et Canada.

À travers l’analyse de 25 cas, le rapport documente comment l'industrie minière mondiale s'est rapidement positionnée comme une « solution verte » aux changements climatiques, avec des entreprises et des pays qui se bousculent pour fournir les quelque trois milliards de tonnes de minéraux qui, selon certaines estimations, seraient nécessaires pour alimenter la transition énergétique d’ici 2050.

Plus de 60 % des sociétés minières mondiales sont enregistrées au Canada.

Ce « boom minier vert » entraîne une multiplication des projets qui affecte les droits humains, les droits autochtones et l’environnement. Il affecte des écosystèmes fragiles et riches en biodiversité, comme l'Amazonie et d'autres forêts tropicales, des zones glaciaires, des lacs, des rivières et des marais salants naturels - souvent des zones d'une importance vitale pour fournir de l'eau potable, maintenir la vie et réguler le climat.

Un nombre croissant de collectivités touchées, d’universitaires et de militants affirment qu’une transition énergétique qui dépendrait de l’extraction massive de nouveaux matériaux sans considérer pour quoi, pour qui et à quel prix, ne ferait que renforcer les injustices et et les pratiques non durables qui nous ont conduits à la crise climatique.

Les lancements officiels de la nouvelle carte interactive et de l’étude auront lieu aujourd’hui dans le cadre d'un événement en ligne intitulé « Cartographier les impacts miniers de la transition énergétique » à 16h, heure normale de l'Est (près de 300 personnes inscrites à ce jour).

Documentation

Citations

«Les batteries et les véhicules électriques ne peuvent pas être “verts” s’ils sont fabriqués sur le dos de communautés qui voient leur environnement détruit par des déchets toxiques et des mines industrielles à ciel ouvert. L’écotourisme et le récréotourisme sont des économies locales importantes et durables qui doivent être protégées, et non compromises. »
– May Dagher, Coalition citoyenne opposée au projet minier de Nouveau Monde Graphite, Québec, Canada

« L'extraction des minéraux est une chose, mais ne pas tenir compte de notre riche culture pour satisfaire la richesse des autres représente un manque total de respect envers notre peuple et notre territoire. À l'époque de nos ancêtres, c'était les chemins de fer, les voies ferrées. Aujourd'hui, c'est l'extraction du lithium et la désacralisation de nos sites sacrés. »
– Gary McKinney, Nation Shoshone de l’Ouest et Paiute du Nord, membre du Peuple autochtone de la Montagne Rouge touché par le projet Thacker Pass de Lithium America, Nevada

« Le soi-disant ‘cuivre durable’ promu par Los Andes Copper sera extrait au prix de la transformation d’une vallée, de sa communauté et de son écosystème en une zone sacrifiée. Ce n'est pas qu'une seule entreprise. C’est tout le modèle d’extraction des ressources dans la région qui pose problème. »
– Sara Gómez Honores, porte-parole, Puteando Resiste, à propos du projet minier Vizcachitas de Los Andes Copper au Chili

« La planète a besoin d'énergie propre. Mais pourquoi faut-il que cela se fasse en sacrifiant des régions fragiles et hautement valorisées de la planète ? Et de surcroît sur nos terres ancestrales ?”
– Clemente Flores, Porte-parole de la Table ronde des peuples autochtones pour la protection du lac de Guayatayoc et du bassin des Salinas Grandes de l’Argentine (Au nom du lithium, documentaire)

« Près de 20 % des 3550 conflits socio-environnementaux documentés dans notre Atlas de la justice environnementale sont liés à l'exploitation minière. Il s'agit de l'activité industrielle la plus controversée répertoriée à ce jour. Une transition énergétique basée sur l'exploitation minière ne fera qu'étendre et intensifier ces conflits, tant au Nord qu'au Sud de la planète. »
– Dr. Mariana Walter, chercheuse à l'Institut des sciences et technologies de l'environnement de l'Université de Barcelone (ICTA-UAB) et à l'Atlas de la justice environnementale

« Nous devons réfléchir de manière critique à ce que le modèle de transition énergétique signifie pour les écosystèmes fragiles et les personnes qui en dépendent. Il y a des collectivités à travers les Amériques qui s'opposent au modèle actuel qu’elles qualifient ‘d’extractiviste capitaliste.’ »
– Viviana Herrera Vargas, coordonnatrice intérimaire du programme Amérique latine, MiningWatch Canada

« Une transition juste doit passer par une réduction de l’empreinte matérielle de nos sociétés, par des solutions qui soient à la fois sobres en carbone et sobres en minéraux. Avec près de 60% des entreprises minières mondiales enregistrées au Canada, nous avons une grande part de responsabilité face à ces enjeux »
– Ugo Lapointe, coordonnateur du programme national, MiningWatch Canada

Pour information:

Canada/États-Unis:

  • Ugo Lapointe (Canada), MiningWatch Canada, [email protected], +1 (514) 708-0134 (Français, Anglais)
  • Gary McKinney (Nevada, USA), Nation Shoshone de l’Ouest et Paiute Nation du Nord, [email protected], +1 (775) 349-2824 (Anglais)
  • May Dagher et Dmitri Kharitidi (Québec, Canada), Citoyenne opposée au projet minier de Nouveau Monde Graphite, [email protected], [email protected], 1 (438) 820-5800, +1 (514) 779-0520 (Français, Anglais)

Latin America

  • Mariana Walter (Argentine/Espagne), Atlas de justice environnementale, [email protected], +34-600-31-83-29 (Anglais, français, espagnol)
  • Yannick Deniau (France), Atlas de justice environnementale, [email protected], +33-781-48-44-12 (Français et espagnol)
  • Viviana Herrera (Canada), MiningWatch Canada, [email protected], +1 (343) 998-5326 (Espagnol, anglais, français)
  • Clemente Flores (Argentina), Porte-parole de la Table ronde des peuples autochtones pour la protection du lac de Guayatayoc et du bassin des Salinas Granes, +549-388-477-5949 (Espagnol)
  • Sara Gómez Honores (Chile), Putaendo Resiste à propos du projet Los Andes Copper’s Vizcachitas, +56 9 5917 5124, [email protected] (Espagnol)

MiningWatch Canada est une organisation à but non lucratif dont la mission est de promouvoir la protection de la santé, de l'environnement et des collectivités touchées par les activités et les politiques minières canadiennes au pays et dans le monde (www.miningwatch.ca).

L’Atlas de justice environnementale (EJAtlas) documente et répertorie les conflits sociaux autour des projets industriels et des questions environnementales à travers le monde. L'EJAtlas est coordonné par un groupe de chercheurs engagés à l'Institut des sciences et technologies de l'environnement de l'Université autonome de Barcelone (ICTA-UAB) en collaboration avec des militants et des chercheurs du monde entier (www.ejatlas.org).