Les Nations unies dénoncent l’action de Barrick Gold à San Juan et mettent en évidence la complicité des autorités

Source:
Alterinfos América Latina

Trois experts indépendants, nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ont rédigé un rapport sévère sur la pollution et les atteintes au droit commises par l’entreprise Barrick Gold dans sa mine Veladero de San Juan. Déversements, présence de cyanure et de mercure dans l’eau, silence des médias et inaction des autorités et des juges. Et une population qui dit non à la mégamine.

Par Darío Aranda, Alterinfos América Latina

« Les déversements et l’inaction opportune du gouvernement et de l’entreprise mettent en péril les populations et l’environnement », affirment trois rapporteurs spéciaux des Nations unies dans un document en dix parties rempli de questionnements et d’avertissements concernant les activités de Barrick Gold dans sa mine de Veladero (province de San Juan [2]). Après au moins cinq déversements observés en huit ans, ils sonnent l’alarme par le biais des instances de l’ONU : « Nous exprimons notre extrême préoccupation devant les atteintes aux droits humains provoquées par les déversements de cyanure, d’arsenic, de mercure et d’autres substances dangereuses de la mine Veladero ».

Les rapporteurs spéciaux sont des experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour étudier des questions bien précises. C’est la première fois que trois rapporteurs spéciaux des Nations unies s’expriment, en des termes critiques, sur un mégaprojet minier en Argentine. « L’eau que les communautés rurales utilisent pour l’irrigation des cultures a été contaminée par le mercure et d’autres métaux lourds. Les communautés ne peuvent savoir avec certitude si l’eau qu’elles boivent est polluée parce que l’entreprise et le gouvernement ne communiquent pas sur les mesures de remédiation environnementale consécutives aux déversements », dénonce la lettre signée par Marcos Orellana (rapporteur spécial sur les incidences de la gestion des substances dangereuses sur les droits humains), Fernanda Hopenhaym (rapporteuse du Groupe de travail sur les droits humains et les entreprises transnationales) et David Boyd (rapporteur spécial sur les obligations d’un environnement sans risque pour les droits humains.

La dénonciation vise la mine Veladero, exploitée par l’entreprise canadienne Barrick Gold en association avec la société chinoise Shandong Gold Mining. Et les questionnements s’adressent également aux gouvernements de l’Argentine et de San Juan. « Nous déplorons particulièrement que ces déversements restreignent gravement le droit à la vie, le droit à la meilleure santé possible, le droit à l’alimentation, le droit d’accès à l’information, le droit à la justice environnementale, le droit à l’eau potable et à des conditions de travail sûres, et le droit à un environnement propre, durable et exempt de substances toxiques », alertent les spécialistes de Nations unies. Et de rappeler que les déversements de substances dangereuses requièrent des réponses « fondées sur les droits humains, notamment des mécanismes complets de responsabilisation et de réparation de la part de l’État et de l’entreprise, ainsi que des mesures de prévention et des garanties de non-récidive ».

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Viviana Herrera, coordonnatrice du Programme Amérique latine de l’organisme MiningWatch, a indiqué que la lettre des rapporteurs a eu un impact aux États-Unis et au Canada, mais elle a attiré l’attention sur le « front médiatique » qui existe en Argentine à propos des retombées des activités minières. Elle a cité comme exemple, en plus de Barrick à San Juan, ce que réalise Pan American Silver à Chubut, avec son projet Navidad et les tentatives répétées de modifier les lois et de passer outre les plaintes des communautés locales. « Le cas argentin est assez spécial en ce qui concerne le silence des médias, et il nous préoccupe parce que cette information devrait parvenir à la population argentine pour que l’on sache ce que produisent ces entreprises », a-t-elle ajouté.

Elle a martelé que les incidences environnementales et sanitaires « sont de plus en plus importantes » et affirmé que les conséquences risquent de s’aggraver si le projet Josemaría de la société minière canadienne Lundin va de l’avant à San Juan. Elle rappelé que 60% des compagnies minières du monde se trouvent au Canada (sur un total estimé à 1 400 entreprises) parce que ce pays leur garantit l’impunité en cas de violation des droits humains et de pollution dans d’autres pays.

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