(Montreal/Ottawa/Reno/Guatemala) Tahoe Resources est l’une des quatorze entreprises qui figurent parmi les investissements risqués dans la 5e édition de « Dirty Profits », rapport publié aujourd’hui à Hamburg par l’organisation Facing Finance.
La publication révèle que deux fonds de pensions multimillionnaires européens, le Pensioenfonds (PGB) d’Hollande et la Norges Bank Investment Management de Norvège, ont vendu leurs actions de Tahoe Resources. Facing Finance insiste pour que des normes contraignantes soient imposées aux institutions financières et que tout type d’investissements nocifs disparaisse de leurs portefeuilles.
Parmi les problèmes illustrés dans le rapport, mentionnons l’absence de respect de Tahoe Resources envers les communautés qui ont manifesté de manière pacifique et démocratique leur opposition à la mine Escobal dans le sud-est du Guatemala. Soulevons également la campagne de persécution menée par l’entreprise qui a pris la forme de dénonciations légales non fondées, d’incidents violents et de la militarisation.
« Avec l’appui de l’entreprise minière, l’État guatémaltèque nous criminalise, nous qui luttons pour défendre notre territoire, l’environnement et les droits humains. L’État est corrompu : il se vend pour de l’argent et criminalise les gens en les accusant de graves délits pour les faire taire. Au contraire, nous poursuivons avec plus de conviction notre lutte pour le bien de nos enfants », affirme Oswaldo Anavisca Morales, membre de la société civile de Mataquescuintla du département de Jalapa.
La publication démontre également qu’un permis d’opération a été accordé à l’entreprise sans prendre en compte les quelques 200 recours qui avaient été déposés contre la mine en raison de préoccupations importantes pour l’environnement. Les fonctionnaires qui ont pris cette décision ont dû quitter leur poste en 2015 en raison de graves accusations de corruption.
« Ce qui me blesse est la façon dont les ministères, comme celui de l’Énergie et des Mines, et les cours défendent ces entreprises [...]. Je ne comprends pas pourquoi les grands investisseurs et les autorités n’arrivent pas à voir que l’entreprise ne nous respecte pas en tant que Guatémaltèques ou êtres humains », dit Julio Osorio, coordonnateur de la Commission du diocèse pour la défense de la nature (CODIDENA) de Nueva Santa Rosa du département de Santa Rosa.
La perte de l’approvisionnement en eau et sa contamination, tout comme les divisions et les conflits sociaux, sont d’autres impacts qui préoccupent CODIDENA. « Nous envoyons un appel aux investisseurs pour qu’ils mettent la main sur le cœur, qu’ils se conscientisent et qu’ils n’investissent plus leur argent dans des projets qui causent la mort. Nous voulons des projets de vie, qui génèrent du travail pour les femmes et les hommes, mais surtout pour les jeunes », observe Paty Gregorio de Arriaga de la municipalité de Santa Rosa.
Tahoe Resources et l’État ont imposé la mine Escobal et d’autres concessions minière dans la région sans prendre en compte les 18 consultations municipales et communautaires organisées par CODIDENA et d’autres groupes locaux, auxquelles plus de 55 000 personnes de sept municipalités ont voté contre la présence minière depuis 2011.
Dans sa décision du 26 janvier dernier sur une poursuite civile à propos d’actes de violence sur le site de la mine Escobal, la Cour d’appel de Colombie-Britannique a reconnu le rapport de forces inégal favorisant les entreprises au Guatemala.
« Il existe un risque quantifiable faisant en sorte qu’il sera difficile pour les appeleurs de recevoir un procès juste et équitable contre la puissante multinationale dont les intérêts au Guatemala s’alignent avec intérêts politiques guatémaltèques. Ce facteur empêche le Guatemala d’être l’instance de jugement la plus adéquate ».
Le Fond de pension canadien, qui investissait 49 millions de dollars en actions dans Tahoe Resources en 2014, ne possèdent plus d’actions de cette entreprise. Pour sa part, TIAA-CREF, une firme américaine d’investissements, a récemment augmenté ses actions dans l’entreprise, évaluées aujourd’hui à 12 millions de dollars américains.
Le rapport en anglais « Dirty Profits 5 » de Facing Finance se trouve ici.
Contacts:
- Moisés Divas, (Guatemala), Comisión Diocesana de Defensa de la Naturaleza (CODIDENA), (502) 4212-4089, xanpiya(arroba)gmail.com
- Lisa Rankin (Guatemala) - Maritimes-Guatemala Breaking the Silence Network, +011 (502) 4906-5626, btscoordinator(at)gmail.com
- Jen Moore (Ottawa) - MiningWatch Canada, 613-569-3439, jen(at)miningwatch.ca
- Ellen Moore (Reno) - PLAN Nevada, 775-348-7557, emoore(at)planevada.org
- Marie-Dominik Langlois (Montréal), Projet Accompagnement Québec-Guatemala (PAQG), 438-238-9489, mariedominik(at)hotmail.com