Des écologistes exigent l’abolition de claims miniers pour protéger l’eau et le territoire de l’Abitibi

Alexandre Shields, Le Devoir 

Des organisations environnementales pressent le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, d’abolir un peu plus de 5000 permis d’exploration minière afin de préserver des sources d’eau potable et des milieux naturels.
Photo: Getty Images Des organisations environnementales pressent le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, d’abolir un peu plus de 5000 permis d’exploration minière afin de préserver des sources d’eau potable et des milieux naturels.

Des organisations environnementales pressent le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, d’abolir un peu plus de 5000 permis d’exploration minière qui recoupent les eskers de l’Abitibi-Témiscamingue, afin de préserver des sources d’eau potable et des milieux naturels. Ce dernier rappelle que le Québec a déjà atteint ses cibles de protection du territoire.

Dans le cadre d’une demande formelle envoyée mercredi au ministre Jonatan Julien, les organismes font valoir que ce dernier peut abolir des permis d’exploration minière « pour des motifs d’utilité et d’intérêt public » en s’appuyant sur les dispositions de la Loi sur les mines. Ils réclament donc l’abolition de 5161 « claims miniers » de l’Abitibi-Témiscamingue qui recoupent en partie ou en totalité des eskers, soit des formations géologiques qui datent des périodes de glaciation. Ces permis représentent un peu moins de 17 % des quelque 28 000 claims de cette région, où 22 % du territoire se trouve sous permis d’exploration minière.

« C’est le minimum pour réparer un non-sens historique. Il faut protéger ces eskers qui sont fragiles et uniques au monde à bien des égards », fait valoir le co-porte-parole de Québec meilleure mine Rodrigue Turgeon. À l’heure actuelle, 60 % de la superficie des eskers qu’on trouve dans la région est recouverte en partie ou en totalité par des permis d’exploration.

Plusieurs millions

Le fait de mettre un terme à ces titres miniers, mais aussi de protéger les autres eskers qui ne sont pas recouverts par de tels permis, permettrait de protéger des sources d’eau potable et des milieux naturels. Selon les données publiées par les organismes mercredi, à peine plus de 8 % du territoire de l’Abitibi-Témiscamingue est constitué d’aires protégées, contre une moyenne de 17 % pour le territoire du Québec.

Selon M. Turgeon, il est donc important que le ministre Jonatan Julien retire ces permis. Mais puisque la Loi sur les mines prévoit des compensations financières pour les travaux d’exploration qui auraient été effectués, un tel geste devrait coûter « plusieurs millions de dollars » au gouvernement du Québec, selon M. Turgeon.

En compagnie de Québec meilleure mine, les organismes Eau Secours, l’Action boréale, le Regroupement vigilance mines de l’Abitibi et du Témiscamingue et MiningWatch Canada jugent toutefois que cette mesure permettrait de miser sur un développement « plus durable » pour la région, notamment en s’appuyant sur l’attrait des milieux naturels protégés.

Interpellé par Le Devoir en fin de journée mercredi, le ministre Jonatan Julien a assuré que son ministère prendra le temps d’analyser « attentivement » la demande des groupes écologistes. Pour tous les permis d’exploration en vigueur au Québec, a-t-il ajouté, une analyse des enjeux environnementaux peut être réalisée, notamment pour évaluer les risques pour la protection des sources d’eau.

Le ministre a cependant indiqué que le gouvernement caquiste a déjà atteint sa cible de protection des milieux naturels terrestres pour 2020, soit 17 %. « On a ajouté des dizaines de milliers de kilomètres, dont, entre autres, en territoire nordique, mais partout au Québec », a-t-il rappelé. Pour 2030, la cible a été fixée à 30 % pour la province.

Avec Florence Morin-Martel

Publié originalement ici